Après des années de paupérisation et de de bureaucratisation de l’ESR, répondant à un souhait très largement exprimé par les universitaires et les chercheurs, les députés ont supprimé le HCERES (Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur). Cette suppression a été adoptée dans le cadre du « Projet de loi de simplification de la vie économique » et devra être confirmée prochainement en Commission mixte paritaire (CMP).
Souvent très proche du pouvoir politique, le HCERES est devenu l’outil central d’un projet bureaucratique global de “gouvernement par agences” qui a entraîné un déclin scientifique et technique, aggravé l’échec des politiques de réussite et d’insertion, et favorisé l’essor d’un secteur privé lucratif de qualité médiocre échappant à toute évaluation publique. La faillite politique et morale du HCERES est confirmée par la Cour des comptes, qui souligne sa lourdeur et son utilité « marginale », tout en déplorant l’absence de « réel effort de maîtrise de ses dépenses » (24 millions €/an). Le HCERES a multiplié les procédures opaques, chronophages, et parfois absurdes, utilisant des indicateurs contraires aux normes scientifiques et universitaires. Les tentatives de simplification et de rationalisation de cette institution ont précipité la catastrophe de la « vague E », ruinant sa réputation et sa légitimité auprès des universitaires et du grand public. En plus d’avoir réécrit les avis des évaluateurs, la direction du HCERES a donné à voir toute l’injustice des critères d’accréditation des formations : taux d’insertion professionnelle trop bas des jeunes dans les territoires défavorisés ; taux de poursuite trop élevé des études au sortir d’IUT ; impossibilité pour certaines formations de se conformer à des normes bureaucratiques ubuesques.
Contrairement aux propos alarmistes du ministre, le SNESUP-FSU se félicite de la suppression du HCERES. Le SNESUP-FSU dénonce :
– la bureaucratisation des activités pédagogiques et de recherche ;
– le dévoiement de l’évaluation par des pairs désignés de manière démocratique ;
– les attaques répétées contre les sciences sociales (financement par projet, mise en compétition des équipes pédagogiques et de recherche) ;
– la transformation de l’HCERES en un instrument punitif d’application de l’austérité.
Le SNESUP-FSU demande :
– la mise en place d’une instance d’évaluation issue du CNU et du CNESER, c’est-à-dire d’instances légitimes car composées d’élu.es et de spécialistes de chaque champ scientifique ;
– le reversement du budget annuel du HCERES et la réorientation immédiate des bénéfices du Crédit Impôt recherche aux universités et aux organismes de recherche pour garantir un financement pérenne de leurs activités.
La suppression du HCERES n’est pas un saut dans l’inconnu : elle ouvre au contraire la voie à la reconstruction des normes probatoires mises à mal et à un débat démocratique sur le rôle de l’université et de la recherche dans l’espace public. Mieux, elle porte l’espoir de tourner la page de 20 ans de paupérisation et de bureaucratisation de l’ESR. Le SNESUP-FSU appelle à se saisir de cette opportunité pour refonder l’évaluation de l’ESR sur des bases collégiales, disciplinaires et démocratiques.