Le jeudi 23 novembre dernier, Mme la Ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche est venue défendre à l’École de Droit de l’Université Clermont Auvergne sa réforme sur l’accès et la réussite à l’université présentée la veille en Conseil des ministre.

Ce rendez-vous devait également permettre au Président de l’UCA, Mathias Bernard, de rappeler la stratégie générale de son établissement et d’annoncer l’ouverture pour l’année universitaire 2018-2019 d’une nouvelle Licence STAPS au CREPS de Vichy et la création de plusieurs postes d’enseignants et d’enseignants-chercheurs.

La rencontre d’une heure prévoyait un temps d’échange avec les deux cents personnes présentes, dont une quinzaine seulement d’étudiants. Par-delà les conditions sécuritaires surprenantes pour la venue d’une ministre issue du sérail universitaire et hier encore présidente de l’Université Côte d’Azur (cordon de policiers devant l’École de Droit, accès filtré et autorisé après enregistrement sur liste préfectorale, entrée de la ministre par une porte dérobée), c’est l’impossibilité de l’échange qui a surpris. Cyril Triolaire, maître de conférences à l’UFR LCSH et secrétaire académique du SNESUP, a le premier demandé la parole afin de rappeler à la Mme la Ministre que la FSU s’opposait à cette réforme et que l’engagement du gouvernement n’était pas à la hauteur des enjeux de l’afflux massif à l’université de dizaines de milliers de lycéens dans les prochaines années. La parole a été demandée à quatre reprises : elle a été autant de fois refusée par le Président de l’UCA. Si deux étudiants ont pu s’exprimer, dont une représentante de l’UNEF malmenée et moquée par la ministre, la parole n’a délibérément pas été distribuée au seul représentant syndical des personnels enseignants qui la réclamait. Cyril Triolaire a pris la liberté d’interpeler directement Mme la Ministre et s’est vu coupé la parole à quatre reprises, ne pouvant ni exprimer totalement l’avis du SNESUP/FSU, ni poser de question. L’incident s’est achevé par la sortie précipitée de Mme la Ministre, du Président de l’UCA et des collègues présents à la tribune. La rencontre valait en réalité pour autopromotion et présentation indiscutable d’une réforme, rappelons-le, rejetée par le Conseil supérieur de l’éducation et validée à trois voix près seulement par le CNESER grâce à huit abstentions (dont tous les représentants du syndicat étudiant La Fage). Par-delà la question même de cette réforme, c’est l’impossibilité du débat contradictoire au sein de l’espace universitaire qui pose désormais sérieusement question.