En confirmant son choix de supprimer 16000 postes à l’EN en 2010 (sur un total de 35000 suppression d’emplois de fonctionnaires), le Gouvernement poursuit dans la voie de l’asphyxie du Service Public d’Education, et ce à tous les niveaux et dans tous les secteurs.

Concentrant l’essentiel de cette mesure sur les postes de stagiaires IUFM (désormais enseigner n’est plus un métier qui s’apprend), il n’épargne pas pour autant personnels et usagers des conséquences directes de la politique éducative désastreuse qu’il mène depuis bientôt 3 ans :

"-" aggravation des conditions de travail de tous

"-" réduction de l’offre de formation

"-" diminution ou même arrêt des financements.

Et s’il accompagne cette mesure historique de déprofessionnalisation de la fonction enseignante d’une dotation en trompe l’œil (1620 postes dans le primaire dont 1 pour la Haute-Loire) au titre de l’évolution démographique, en réalité il ne tient compte d’aucune donnée du terrain, d’aucune demande des populations , mais poursuit inlassablement son œuvre de modification en profondeur du périmètre et des missions du système éducatif français, et ce dans un but d’étroite adaptation de ce dernier aux besoins de la seule économie.

Du reste, Mesdames, Messieurs les membres de ce CDEN, la liste est longue, trop longue, des exemples de cette volonté gouvernementale, assise sur le dogme du libéralisme et exprimée à travers la mise en place de la RGPP et de la REATE, de modifier en profondeur le rôle de l’école dans notre pays :

"-" diminution de 2 heures de la durée du temps d’enseignement pour les élèves du primaire et détournement des programmes vers les « fondamentaux » au détriment des disciplines d’ouverture au monde
"-" suppression partielle des moyens dévolus aux enfants en grande difficulté ou handicapés (fermeture directe ou par effet différé de milliers de postes de RASED (dont 10 en Haute-Loire), mise en place d’Unités d’Enseignement à moyens limités en lieu et place des anciennes écoles spécialisées installées dans les établissements et services spécialisés) ; absence de solutions pérennes pour l’accompagnement des enfants handicapés en milieu scolaire ordinaire

"-" éviction progressive des enfants de moins de 3 ans de l’école maternelle au profit de structures d’accueil payantes, à effectif contingenté et sans projet pédagogique

"-" fermeture des IUFM et abandon du volet professionnel dans la formation initiale des personnels enseignants

"-" accroissement de l’autonomie des établissements avec l’ouverture à la gestion locale de l’horaire disciplinaire, et bientôt création d’EPEP en lieu et place des écoles communales

"-" réduction des horaires disciplinaires et fusion des séries générales dans les Lycées d’enseignement général ; diminution de la durée du cursus Bac Pro en lycée professionnel ; abaissement drastique du volume horaire des enseignements d’exploration dans les domaines technologiques.

Ainsi, alors que jamais l’investissement dans l’éducation, la formation et la recherche n’ont constitué des enjeux contemporains aussi essentiels, en particulier du fait de la crise systémique mondiale à laquelle nous sommes confrontés, nos gouvernants choisissent la voie de la régression et du renoncement à la réussite de tous.

Car nous le savons mieux que quiconque, les effets cumulés des suppressions de postes dans toutes les catégories de personnels, la baisse sans précédent des crédits pédagogiques dans le 1er degré et l’insuffisance des recrutements entraînent la dégradation des conditions de travail des personnels, d’étude des élèves et étudiants, et privent de nombreux jeunes de l’accès aux métiers de l’enseignement et de la FP.

En conséquence, avec les personnels que nous représentons : enseignants, administratifs, ouvriers et de service, nous continuons à revendiquer :

"-" l’annulation des mesures budgétaires pour 2010 et la création des postes et dotations horaires nécessaires pour un fonctionnement de qualité du Service Public d’Education, mesure qui devrait se traduire par l’abandon des projets de fermeture de 9 postes dans le 1er degré au niveau départemental, de 6 postes d’enseignants et 72 de TZR au niveau académique dans le 2è degré, de sections et même de lycées d’enseignement professionnel, ainsi que des 28 postes administratifs dans l’Académie de Clermont-Ferrand dont 4 à l’IA43
"-" la transformation en postes fixes des heures supplémentaires imposées par le Rectorat en collège et lycée, injonction aboutissant à un véritable dépeçage de certains postes par création de compléments de service en dehors de l’établissement
"-" le retrait de la réforme portant sur la formation des enseignants, assise sur un compagnonnage d’un autre temps, et l’ouverture de véritables négociations intégrant une véritable professionnalisation du métier d’enseignant acquise notamment dans les IUFM dont nous exigeons le maintien

"-" la gratuité et l’accessibilité de tous à l’école publique (suppression de la Loi CARLE et mise en œuvre d’un processus de nationalisation laïque de l’enseignement privé)

"-" la préservation de la liberté pédagogique des enseignants et la levée de toutes les sanctions contre personnels, lycéens et étudiants en lutte…

Toutes propositions dont nous avons été porteurs lors des journées nationales d’action du 24 Novembre, du 21 Janvier, ou plus récemment du 23 Janvier, ainsi que mardi dernier 30 Mars, avec l’ensemble des personnels de l’Inspection Académique, tous en grève pour exprimer leur très grande inquiétude sur l’avenir des services départementaux de l’Education Nationale, et que nous réitérons dans cette instance, dans le seul but de sauver ce patrimoine commun à valeur inestimable qu’est notre école publique.

Pour la Délégation FSU :
G. DUCAROUGE