Extrait :

"Dans l’Éducation nationale, le ministre avance au pas de course en imposant une politique éducative qui annonce, de la maternelle à l’université, l’abandon programmé de la démocratisation du système scolaire.

Cartes scolaires dans le premier degré, assises sur l’école maternelle, rapport Villani, réforme du bac, Parcoursup… mettent en évidence la cohérence des réformes à chaque échelon du système éducatif.

Les mobilisations contre les cartes scolaires départementales ont permis de faire la lumière sur les conditions de préparation de la rentrée scolaire 2018. Les postes créés permettront de poursuivre le dédoublement des CP et CE1 en éducation prioritaire. Par ailleurs l’insuffisance notoire de la dotation initiale rend inéluctable la fermeture de postes ailleurs, notamment dans les écoles rurales. Elle ne permettra pas non plus d’alléger les effectifs des classes surchargées, de remettre à flots les réseaux d’aides spécialisées ou d’assurer le remplacement des enseignant-es tout au long de l’année scolaire.

Les réformes du lycée, du bac et de l’accès au supérieur vont conduire à des difficultés accrues pour les jeunes et constituer des freins et des éléments de fragilisation des parcours, en abandonnant l’ambition d’un accès élargi de tous les jeunes à la poursuite d’études et à l’acquisition de qualifications élevés

Amélioration des conditions d’encadrement ? Non, car rien n’est dit sur la possibilité d’horaires à effectifs réduits et d’un meilleur encadrement des élèves au lycée comme à l’université.

Amélioration de la cohérence des parcours ? Non, car les parcours impliqueront des choix précoces pour les élèves qui auront des incidences, y compris sur leur accès aux études supérieures. Les différents parcours suivis conduiront aussi à des pertes de repères et de sens dans la construction des apprentissages.

Amélioration de l’orientation ? Non, car elle dépendra désormais du nombre de places ouvertes dans l’enseignement supérieur ce qui conduira à priver les jeunes les plus fragiles d’une poursuite d’études.

Amélioration et simplification du bac ? Non, car le renvoi à un contrôle continu organisé localement va fragiliser la valeur du diplôme. La multiplication des épreuves de contrôle continu en classe de première et de terminale va aussi désorganiser les enseignements et multiplier la perte d’heures de cours.

Amélioration de la pratique de l’oral ? Non car nous ne savons pas dans quelles conditions les élèves pourront préparer le grand oral prévu en épreuve terminale.

Quelles conséquences sur l’organisation de la classe de seconde à la rentrée prochaine ? Nous n’en savons rien. Que pouvons-nous répondre aux familles qui nous interrogent ?

Et que dire de l’accès au supérieur ? Que pouvons-nous répondre à nos élèves de terminale qui sont légitimement inquiets sur leur affectation post bac ? Que dire à celles et ceux qui se sentent piégés par ce changement de règles à quelques mois du bac ? La dernière disposition limitant le droit du recteur à affecter les étudiant-es en faisant dépendre les capacités d’accueil des taux d’insertion professionnels va diminuer encore les possibilités d’accès au supérieur. D’autre part, l’annulation de tous les vœux en cas de réponse hors délai à une seule proposition, les délais étant par ailleurs extrêmement courts, va conduire à la radiation d’un nombre important de jeunes. Est-ce là le véritable objectif du gouvernement ? Est-ce là le dernier mot laissé aux lycéen-nes ?"