Nous ne pouvons accepter que dans son discours de Nantes le 26 février dernier, Marine Le Pen ait été menaçante à l’encontre des fonctionnaires : « Dans quelques semaines, ce pouvoir politique aura été balayé par l’élection. Mais ses fonctionnaires, eux, devront assumer le poids de ces méthodes illégales. Ils mettent en jeu leur propre responsabilité. L’État que nous voulons sera patriote ».
Le « vote FN » ne sera jamais une solution. Les élections présidentielles et législatives sont censées être des moments forts de la vie démocratique de notre pays. Nous avons beaucoup critiqué la politique du gouvernement, et pour cause. Dans une société en crise, avec un chômage massif, avec des besoins sociaux peu ou mal assurés compte tenu des attaques incessantes contre les services publics, conforter la démocratie aurait impliqué de lutter contre l’exclusion et la précarité à travers le développement de politiques sociales solidaires et redistributives pour lutter contre les fractures sociales et les inégalités : cela n’a pas été fait.
Au contraire, la politique économique du gouvernement est restée sur une même orientation « sociale-libérale » poursuivant la libéralisation de l’économie et multipliant les cadeaux au MEDEF au nom de la compétitivité. Résultats : les salaires ont stagné, le pouvoir d’achat et les droits sociaux ont régressé, le chômage a augmenté et les dividendes distribués aux actionnaires n’ont cessé de progresser. Nous avons toujours mis en avant notre indépendance de tout parti politique comme marqueur de notre engagement syndical. Pour autant nous ne sommes pas neutres dans les débats qui animent la société. Nous sommes porteurs de valeurs fortes qui fondent notre engagement syndical quotidien en défense des agents et du service public.
A titre d’exemples, la FSU propose :
– de promouvoir un syndicalisme de solidarité qui lutte et agit en faveur des plus démunis pour obtenir un meilleur partage du travail et des richesses,
– de lutter contre toutes les formes de discrimination (racisme, sexisme, xénophobie etc…) sur le lieu de travail et en dehors,
– d’œuvrer en faveur de choix de justice, d’égalité et de démocratie dans les domaines éducatifs, culturels, sociaux, économiques et de santé,
– de défendre les valeurs de la laïcité et l’accès effectif aux droits sociaux pour toutes et tous.
Les dernières enquêtes d’opinion montrent une montée importante des intentions de vote pour le Front National, y compris dans la Fonction Publique. Les orientations du Front National ne sont pas compatibles avec nos valeurs s’agissant notamment de la préférence nationale et la remise en cause du droit du sol. Dans son champ social, le syndicalisme doit résister, dégager l’horizon et offrir des perspectives pour des jours meilleurs. Social, emploi, économie, culture, égalité femmes-hommes, sécurité et santé, c’est bien l’ensemble de ces thèmes que l’extrême droite et le FN prétendent investir. Aussi, nous nous devons d’alerter les fonctionnaires sur les risques et les dangers pour l’emploi public, pour le statut, les usagers des services publics, la cohésion sociale ainsi que pour les libertés fondamentales et démocratiques si une organisation d’extrême-droite devait se retrouver demain à la tête de l’exécutif national républicain. Quoique l’on puisse ressentir de la situation sociale et politique actuelle le « vote FN » ne réglera rien, bien au contraire. C’est pourquoi, il est de notre responsabilité, au nom de nos valeurs et de nos engagements, de dire qu’en votant Front National, c’est se tromper de colère et se tromper de combat. Nous nous devons de convaincre des réels dangers d’un tel choix pour l’avenir et promouvoir une société socialement juste, accueillante, solidaire et fraternelle, garante de l’égalité des droits pour toutes et tous.