Manifestation à Clermont-Ferrand Samedi 7 octobre 15H Place de la Victoire



Les Sans-Papiers ne sont pas dangereux. Ils sont en danger. Il faut les régulariser.

Même s’il déclarait il y a un an que les Réseaux Education Sans Frontières présents dans de nombreuses villes ne représentaient rien, Nicolas Sarkozy a été obligé de faire quelques pas en arrière devant la mobilisation croissante aux côtés des élèves et de leurs familles sans-papiers.

Il publiait en octobre 2005, une première circulaire dans laquelle il déclarait qu’aucune famille ayant un enfant scolarisé, ni aucun élève ne serait expulsé en cours d’année scolaire. Cette promesse, comme celles qui ont suivi, était mensongère. Des enfants, des adolescents, leurs parents, de jeunes majeurs isolés, tous venus en France pour y trouver une vie meilleure ont été expulsés. D’autres doivent se cacher et vivre dans la peur quotidienne d’être arrêtés, détenus dans un centre de rétention puis expulsés vers le pays qu’ils avaient fui et où leur vie est en danger.

Au printemps, avec le soutien du gouvernement et de toute la droite parlementaire, Sarkozy faisait voter une nouvelle loi sur l’entrée et le séjour des étrangers (CESEDA). Plus restrictive encore que la précédente, elle va fabriquer des sans-papiers à vie et précariser tous les étrangers présents sur le territoire, en rendant quasiment impossible le regroupement familial et en réduisant toujours plus le Droit d’Asile.

Au mois de juin 2006, Nicolas Sarkozy, toujours poussé par l’indignation visible et grandissante de la population, publiait cette fois une circulaire dans laquelle il promettait la régularisation des familles d’enfants scolarisés. Deux mois après, en ce début d’année scolaire, force est de constater que le ministre de l’Intérieur a une nouvelle fois menti et fait des promesses sans lendemain. Des familles avaient repris espoir, elles sont toujours sans titre de séjour. Des enfants sont parfois déscolarisés tout simplement parce que leurs parents ont peur d’être arrêtés. Les jeunes majeurs isolés, sciemment écartés d’une possible régularisation par la circulaire Sarkozy, sont toujours menacés d’expulsion vers un pays où rien ni personne ne les attend.

Si les militants de RESF, mobilisés pendant tout l’été, ont pu empêcher des expulsions, de nombreuses personnes se retrouvent dans une situation inextricable : ni régularisables ni expulsables ; à l’image de ce jeune kurde irakien de Mossoul à qui le Tribunal Administratif de Clermont-Ferrand a refusé, au mois de juillet 2006, le droit de vivre en France mais qui ne peut être expulsé faute de ligne aérienne vers le Kurdistan irakien… La préfecture de Clermont-Ferrand osait déclarer au Tribunal Administratif que « la situation s’était bien améliorée dans cette région depuis l’intervention américaine ».

Ni régularisables ni expulsables, ils doivent quand même travailler pour vivre. Ces travailleurs illégaux se retrouvent dans une totale dépendance vis-à-vis de leurs employeurs (qui parfois les dénoncent) et ne bénéficient d’aucun des droits du travail auxquels chacun doit pouvoir prétendre. Ils sont confrontés à la précarité, la surexploitation et le non-droit et sont la proie de logeurs peu scrupuleux qui leur louent, fort cher, des logements insalubres dans lesquels leurs enfants contractent des maladies en particulier le saturnisme. Parce qu’ils sont contraints d’accepter l’inacceptable, leur exploitation permet de tirer vers le bas l’ensemble des droits des salariés, les sans-papiers sont indispensables pour toute une partie du patronat en France et en Europe. L’immigration assure ainsi un rôle de laboratoire de la flexibilité du travail dans lequel l’étranger sans titre représente, pour l’employeur, le travailleur idéal (une main d’œuvre totalement disponible, pas de cotisations sociales, pas de contraintes réglementaires, une rémunération largement inférieure au SMIC…) La pénurie de postes, organisée par le gouvernement au sein de l’Inspection du travail, favorise le développement de ces secteurs de non-droit. Dans le tour de passe-passe habituel de Sarkozy, les sans-papiers victimes du travail illégal deviennent les « clandestins » fauteurs de troubles et le ministre de l’Intérieur peut aller se faire applaudir par les patrons du Medef.

Pendant les mois qui nous séparent de l’élection présidentielle, Sarkozy va tenter d’expulser des sans-papiers en fonction des résultats aux sondages sur sa cote de popularité. Il continuera à expliquer que sa politique est ferme et humaine. Elle n’est rien de cela, elle est abjecte et xénophobe. C’est une politique cynique au service du patronat et des ambitions présidentielles d’un de ses fidèles serviteurs.

Sarkozy ment et transforme les Sans-Papiers en matériel électoral