Notre fédération a boycotté la réunion de ce CAEN convoquée le 15 septembre, car nous aurions souhaité et nous pensons pour notre part avoir agi en ce sens, que le CAEN soit une véritable instance de discussion des politiques éducatives à l’échelle académique et régionale, comme le sont parfois les CDEN.
Or, la simple lecture du PV du dernier CAEN, qui remonte à octobre 2014, nous rappelle qu’il y avait été annoncé, par Mme le Recteur, un CAEN sur l’Education prioritaire. Il nous rappelle aussi que Mme le Recteur avait annoncé la formation d’un groupe de travail du CAEN sur les projets de Campus des Métiers et des Qualifications. Et bien que ceci n’apparaisse pas dans le procès-verbal, les interventions de la délégation étudiante et celles des personnels de l’Université avaient conduit à envisager la très prochaine réunion d’un CAEN sur la situation universitaire de Clermont-Ferrand. Ni les uns ni les autres de ces réunions du CAEN et groupes de travail n’ont eu lieu depuis.
La FSU tient en outre à faire remarquer que durant deux années consécutives, en 2014 et en 2015, la Formation contentieuse et disciplinaire du CAEN consacrée aux aides des collectivités territoriales à l’enseignement privé sous contrat s’est tenue un jour de grève nationale des personnels, qu’à chaque fois nous avons signalé ce fait par avance et demandé un report de la réunion qui n’a pas été accordé, nous empêchant ainsi de fait d’y participer.
Plus généralement, s’il est une instance académique qui s’est distinguée par l’espacement de ses réunions, c’est bien le CAEN. Il est vrai que le précédent Recteur avec l’accord manifeste de la Préfecture régionale et de la Région, avait réussi à le faire disparaître pendant plusieurs années. De ce fait, chaque réunion du CAEN avait deux caractéristiques : l’absence de beaucoup d’élus et la tenue de débats importants, condensés sur des sujets souvent pressants, sur lesquelles les organisations syndicales prenaient position, aboutissant à des votes majoritaires souvent contradictoires aux décisions que Région, Préfecture et Rectorat entendaient considérer comme actées. Il en alla ainsi notamment en juin 2013 lors du débat sur le Schéma stratégique du grand Clermont, la fermeture du lycée Vercingétorix et celle de l’ancien lycée agricole de Lapalisse.
Ce CAEN qui est sans doute le dernier dans le cadre de la Région Auvergne. Un rectorat de Clermont-Ferrand étant en principe maintenu dans le cadre de la grande région néo-lyonnaise, ce CAEN existera-t-il toujours ? cette question se pose aussi pour d’autres instances. Constatant qu’après une année de plus sans réunion du CAEN, celui-ci était convoqué à une date fort tardive, notre boycott du CAEN du 15 septembre dernier doit clairement être compris pour ce qu’il est : un mouvement d’humeur et de regret signifiait qu’une autre qualité de concertation aurait été possible depuis des années dans cette académie au niveau des CAEN.
Ce CAEN se tient après le troisième mouvement de grève des enseignants pour rappeler à Madame la Ministre leur opposition totale à cette réforme du collège. Malgré les grèves du 19 mai et du 11 juin, le ministère n’écoute toujours pas les enseignants et il ne s’agit pas d’un malentendu comme l’affirme Madame la Ministre, les raisons de notre refus de cette réforme sont toujours les mêmes :
L’Enseignement Pratique Interdisciplinaire (EPI), imposé aux enseignants et pris sur les horaires disciplinaires, comme l’Accompagnement Personnalisé, est « dédié à un apprentissage différents des savoirs fondamentaux », comme s’il y avait opposition entre ces méthodes et que les enseignants ne travaillaient pas de manières très diverses,
la mise en concurrence des disciplines, la globalisation d’enseignements (« enseignements artistiques », « sciences et technologie » en Sixième), la suppression d’options (classes bilangues, sections européennes), la mise à mal des Langues anciennes et des Langues régionales sont inscrites dans la réforme,
Il n’y a aucune possibilité de concertation et de travail collectif des équipes pédagogiques ou au sein d’une discipline pour le développement de l’interdisciplinarité ou l’accompagnement des classes,
l’organisation des emplois du temps va être très complexe, avec des conséquences sur les services, sans parler d’une prévisible aggravation de la réunionite aiguë qui sévit déjà dans de nombreux collèges.
Sous couvert d’autonomie, c’est en réalité un renforcement du pouvoir du chef d’établissement et du conseil pédagogique sur les personnels, par le biais de la définition locale des programmes, des horaires disciplinaires et des projets interdisciplinaires, le tout pour chaque niveau et cycle.
Est-ce la baisse des horaires disciplinaires, la mise en concurrence des disciplines, un pouvoir accru des chefs d’établissement qui permettront de diminuer l’échec scolaire et de faire réussir tous les élèves ? Alors oui, cette réforme est inacceptable et doit être retirée, car non seulement elle va dégrader nos conditions de travail, mais en plus elle ne résoudra en rien l’échec scolaire ! Mais non, à la FSU nous ne sommes pas contre toute réforme par principe, nous réclamons une diminution des effectifs par classe, des effectifs dédoublés, conditions indispensables pour travailler de manière différenciée et traiter la difficulté scolaire dans la classe. Nous réclamons du temps de concertation dans notre service, comme il va en exister en REP+ à la rentrée 2015, pour travailler dans les équipes disciplinaires et pédagogiques, pour construire une interdisciplinarité choisie par les équipes au bénéfice des élèves.
Nous réclamons une réforme du collège pour tous, qui permette de vraiment traiter l’échec scolaire, ambitieuse pour les élèves, sans dégrader nos conditions de travail !
La réforme du collège s’appliquera à la rentrée 2016, dès maintenant les stages obligatoires sur la réforme commencent à se mettre en place, avec dernière provocation un stage pendant les vacances scolaires ! Puis les arbitrages sur les EPI et l’utilisation des heures d’autonomie se feront dans les collèges, avec les conséquences négatives que l’on imagine pour les élèves et le service des enseignants. La colère n’est donc pas prête de retomber dans les salles des profs.
D’ores et déjà, la FSU avec l’intersyndicale appelle à une manifestation nationale à Paris le 10 octobre, et notre mobilisation se poursuivra au-delà.
A l’occasion de la tenue de cette réunion du CAEN qui doit examiner notamment la deuxième étape du schéma stratégique des formations et la réforme territoriale , la FSU tient néanmoins à se réjouir de la brise de démocratie sociale qui a soufflé sur les débats de la commission 1 du CREFOP quoique le calendrier de quelques mois fut extrêmement resserré tant pour les représentants des organisations, des organismes, des institutions et des élus siégeant en commission que pour les personnels territoriaux en charge de l’élaboration pratique des réunions et des documents.
Mais la FSU regrette que cette démarche n’ait pas été retenue lors de la première étape de l’élaboration du schéma stratégique des formations sur le Grand Clermont-Ferrand voire en parallèle comme l’ont montré les impacts de la 2ème étape sur la cohérence de l’offre de formation des établissements publics sous statut scolaire et les multiples CFA. Alors qu’en cette rentrée scolaire 2015, la fusion du LP Vercingétorix de Romagnat dans le Lycée Lafayette est totale, nous continuons à mesurer le ressenti des collègues transférés relevant et des administrations d’État et de la collectivité territoriale de rattachement, dont le malaise persiste. Ils ont acté, en effet, la destruction de leur collectif de travail et de réussite pour leurs élèves mais la pilule ne passe toujours pas ! Quant à ceux de Marie Curie et de Camille Claudel, le temps nous le dira.
Nous souhaiterions connaître le coût total du déménagement du Lp Vercingétorix et les nouveaux coûts de fonctionnement ( ainsi l’utilisation des bus pour que les élèves pratiquent l’EPS à Aulnat).
Les propositions d’ouverture de sections pour la rentrée 2016 sont inquiétantes pour le Service public d’Éducation : aucune ouverture de BAC PRO même si demandés par les organisations patronales comme à Montluçon ou à Thiers, aucune volonté de contrecarrer la privatisation des préparations aux concours d’AS ou d’infirmier, principe schumpeterien de destruction créatrice en CAP, renforcement des partenariats CFA privé De Bellerive avec le lycée PJB de RIOM, mais surtout ouverture conséquente de sections d’apprentissage au détriment de la formation initiale sous statut scolaire public et laïque pour complaire aux injonctions des employeurs et du gouvernement qui ont fait de l’apprentissage l’alpha et l’oméga de la formation.
Quid de l’ambition pour la Voie Professionnelle alors que l’on fête les 30 ans du Bac Pro et que semble-t-il le taux de pression sur cette Voie s’est renforcée cette rentrée dans l’Académie ?
Planent également sur cette séance la Loi NOTRE et la fusion acquisition de notre région Auvergne dans la future AURA le 1er janvier 2016.
Les conséquences de ces mesures gouvernementales laissent des questions en suspens :
Quelle sera la place de l’expertise du CREFOP Auvergne et de ses partenaires sociaux , du CAEN dans la nouvelle entité ? Pour quel fonctionnement ?
Comment sera ventilée la compétence transport et d’ailleurs sera-t-elle ventilée vers les départements notamment le département de l’Allier où le transport scolaire est gratuit ?
Comment les décideurs lyonnais prendront-ils en compte la spécificité du maillage territorial que représentent nos EPLE de la Voie Professionnelle et Agricole voire les autres voies du lycée et l’enseignement supérieur quand, par exemple, dans le nouvel ensemble, Aurillac se trouve à près de 3h40 de trajet automobile de la future capitale régionale et ce pour un simple aller.
Que deviendront l’ENT, la politique des manuels scolaires, la ventilation des dotations aux EPLE ? Doit-on s’attendre comme en Rhône Alpes au financement des établissements privés par la nouvelle AURA ?
Quelles seront les incidences sur les services et les agents de l’État mais également les services et les agents de la Région Auvergne quand l’État envisage déjà le transfert de 1100 fonctionnaires vers Lyon et la suppression de 150 postes ?
Quel sera le périmètre de la DRAAF ? Le Rectorat de Clermont-Ferrand et particulièrement ses personnels administratifs sont-ils, à terme, pérennes ?
En conclusion, on peut se demander si les représentants de la FSU et au-delà ceux des autres organisations et institutions devront dorénavant se munir d’une carte pour arpenter le territoire avec uniquement des outils de communication virtuelle là où précédemment nous réalisions des réunions pour être en phase avec la réalité du terrain.
Va-t-on assister comme ce fut le cas pour l’aéroport de Clermont-Ferrand et de son hub aérien à une reconcentration vers la métropole lyonnaise historiquement et économiquement la plus dynamique au détriment de nos territoires ruraux et/ou excentrés les plus fragiles ?
Quel étrange Acte de décentralisation qui voit l’État reconcentrer ses services et celui de ses opérateurs vers Lyon devenu entre temps une Métropole off-shore ?
L’Auvergne n’a-t-elle pour seul avenir en abandonnant son identité et son pouvoir de décision que de devenir un hinterland paupérisé de la capitale des Gaules ou au mieux son satellite ?